Aérodrome civil Norderney (EDWY)

J’étais écolier – il y a près de 50 ans – lorsque j’ai lu pour la première fois The Riddle of the Sands by Erskine Childers. Ce roman extraordinaire, écrit en 1903 (porté à l’écran en 1979 avec Michael York et Simon MacCorkindale), a prédit la Première Guerre mondiale ; certains affirment même qu’il a contribué à son déclenchement. Comme dans tout grand thriller, la force de l’intrigue rivalise avec la puissante magie du décor. L’ironie veut que, bien qu’aucun endroit en Allemagne ne semble plus éloigné de la Grande-Bretagne, ce sombre arrière-pays de l’espionnage édouardien soit en réalité l’angle de la République fédérale le plus proche du Royaume-Uni.

Les îles de la Frise orientale, dont 5 sur 7 disposent d’aérodromes à piste en dur, sur l’austère épaule nord de l’Allemagne, restent un monde à part – très rurales et épargnées par le tourisme. C’est une terre isolée où la Hollande à l’ouest comme l’Allemagne à l’est semblent des pays étrangers.

Childers a été fasciné par la beauté âpre et implacable des îles et, dans son livre, cartographie ces paysages austères avec un détail quasi obsessionnel. On peut pratiquement utiliser le roman de Childers comme guide – tant ses descriptions sont minutieuses et tant ce paysage solitaire a peu changé. Si vous cherchez des vacances avec boîtes de nuit, grands restaurants, go-go, etc., alors les îles de la Frise orientale ne sont décidément pas pour vous ! Le rythme de vie est très paisible, avec peu ou pas de voitures ; la plupart des restaurants (et même des hôtels) ferment à 22h00. En revanche, si vous voulez « tout oublier », profiter de la nature sauvage, marcher ou faire du vélo, simplement vous détendre dans un air marin vivifiant, vous intéresser au « bird watching » (et, en théorie, vous pouvez pratiquer les deux sortes, car Norderney revendique la plus longue plage naturiste d’Europe !) ou passer d’une île à l’autre (5 minutes de temps de vol !), c’est l’un des lieux les plus saisissants que j’aie visités.

EDWY Norderney, 1000 m asphalte. La deuxième plus grande des sept îles de la Frise orientale, mais toujours seulement sept miles de long et à peine un mile de large. Il n’y a qu’une seule ville – qui porte le même nom que l’île –, mais dont la grandeur impériale est sans commune mesure avec sa taille. Ses avenues élégantes sont bordées de villas blanchies à la chaux – reliques architecturales du Deuxième Reich allemand, prospère et sûr de lui. En hiver, c’est d’un calme funèbre, mais la ville luit encore sous la pâle lumière, comme si ses façades néoclassiques avaient été récurées jusqu’à briller. Les « grands hôtels blancs » de Childers sont toujours là, de même que son « somptueux casino ». Même le bureau de poste municipal ressemble davantage à un hôtel de ville métropolitain. Plus d’informations sur le site de l’île : https://www.norderney.de/

Les voitures sont cantonnées à la ville, à l’extrémité ouest de l’île, et la seule façon de voir l’extrémité est est à vélo ou à pied. En pédalant vers l’est, on se perd bientôt dans un dédale de dunes de sable, encadré de part et d’autre par des miles de plages d’un blanc éclatant, battues par une mer agitée. J’ai séjourné à l’Hotel Friese *** http://www.hotel-friese.de/ qui, fait rare de nos jours, compte 18 chambres simples – très pratique pour des pilotes en « fly-outs » et peut-être révélateur des (riches ?) veuves allemandes qui viendraient ici respirer l’air tonique et trouver un mari de remplacement !

REMARQUES : Avgas : Aucune des îles n’a de l’Avgas (sauf occasionnellement Borkum, mais aux prix de Borkum !). En cas de ravitaillement, on peut facilement rejoindre le « continent » vers Wilhelmshaven EDWI – BP Card – ou Elden EDWE, tous deux à 15 minutes de temps de vol. Mais pas EDWS Norddeich, qui n’a pas d’Avgas.

Brouillard : S’il est un « fait météo » qui domine The Riddle of The Sands, c’est le brouillard de mer ! Childers décrit même comment il était si épais, « déferlant dans la rue en masses denses, qu’il était impossible de voir à travers le port de Norderney », sans parler de voler ! Par moments (surtout en hiver), il peut persister toute la journée.

Vélos : On peut toujours en louer en ville et presque toujours aussi sur les aérodromes – pourvu que d’autres ne les aient pas pris avant ! (Pour cette raison – sous réserve de W & B – je voyage volontiers avec deux vélos pliants dans la soute.)

Tie-downs : Outre le brouillard, les îles frisonnes sont réputées pour le vent – même en été. La plupart des îles n’étant qu’à environ 4 ft au-dessus du niveau de la mer, le sol est toujours très humide et meuble. De bons amarrages avec des pieux sont recommandés, voire indispensables.

Vêtements imperméables : Même en été, il est conseillé d’avoir un bon anorak imperméable (et coupe-vent), ainsi qu’une bonne paire de chaussures de marche/étanches. Faire le tour de l’avion pour la visite prévol peut parfois être une affaire très boueuse.

Si vous avez un avion un peu plus lourd et qu’il a beaucoup plu auparavant, essayez de réserver (par téléphone, tôt le matin du vol) l’une des rares places sur asphalte; ça passe. Le restaurant de l’aérodrome est malheureusement fermé depuis quelques mois. Aucun repreneur en vue, ce qui dévalorise évidemment le terrain. Le service de Ridesharing MOOEV n’existe plus sur l’île. Des vélos, bien sûr, il y en a toujours. Le restaurant "Düne 13" est rapidement accessible à pied. "Weiße Düne" n’est pas beaucoup plus loin; éventuellement faisable à pied à travers les dunes (2,3 km); c’est un restaurant sympa, service très bon, un peu cher. Sinon, nous allons parfois chez Cornelius, un Italien plutôt bon, également directement sur la plage. Pour y aller, il faut absolument un taxi (env. 25 €) ou louer des vélos. Belles plages au nord. Il est agréable de faire le tour de l’île à vélo, notamment sur la digue au sud de l’île.